Catol Teixeira a présenté à la Ménagerie de verre La Peau entre les doigts, une performance où le.a chorégraphe continue d’explorer les porosités de sa danse, ici avec la salle et le public.
Dans le garage blanc de la Ménagerie de verre, le public est assis par terre. Sur les côtés, délimitant le périmètre, ou plus anarchiquement au milieu de la salle, ils forment des amas, en tailleur ou sur les genoux, là où il reste de la place. Dans un des coins, éclairés par des néons blancs, il y a Catol Teixeira. Juste vêtu d’un pantalon, iel fait onduler son torse de gauche à droite. Performeur.eu.se né.e au Brésil et basé.e à Genève, Catol Teixeira explore les porosités, entre les pratiques et les univers. Avec le solo La Peau entre les doigts, iel continue de creuser ce sillon, transformant à son passage l’espace et la relation à la salle à son passage.
Sans crier gare, les néons changent de couleur, plongeant toute la salle dans un bain rouge. Un espace liminal s’ouvre, nous projetant entre deux dimensions. Les rotations répétitives, d’abord sur place, évoluent: mains posées sur les épaules, bras écartés sur le côté. Lancé.e dans cette dynamique, iel avance, pas à pas, parmi les spectatrices et spectateurs. Aux rotations se succèdent des inclinaisons du buste, iel fend la foule, surgit face à face à un spectateur ou une spectatrice.
Tout communique, déborde et s’imprègne l’un de l’autre dans La Peau entre les doigts. L’espace semble conditionner les mouvements du corps, qui résiste parfois et cède aussi : son buste chute brutalement en avant, jambes tendues, où la tête atteint le niveau des pieds. La salle se métamorphose au passage de Catol Teixeira, qui trace des chemins dans le parterre, force le public à lui laisser un passage. Par sa proximité, iel communique son état de corps, grâce à ses regards intenses, ces gestes précis, ses bras acérés comme des lames. Iel ’imbibe de notre présence, comme on se laisse infiltrer par la sienne. Toujours en solo, pour l’instant, Catol Teixeira pose les bases d’une écriture qui joue sur la perméabilité, humide et spongieuse, donnant une texture étrange à la danse, tout comme à l’écrin qui l’accueille.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Concept, chorégraphie, performance : Catol Teixeira
Lumières : Justine Bouillet
Musique : Tunga by DEDO, Revelation by Nexcya, Chaos Clay by FuckCopace’ic (extract)
Montage son : Nico Wasmmer
Les 4 et 5 avril
La Ménagerie de verre
Passages Transfestival Metz
Mai 2024
Bonjour, merci pour la présentation de cette performance. Une question sur la rédaction : est-ce que l’artiste revendique une double appartenance genrée puisque vous utilisez « iel » et « le.a » ?
Bonjour, voici son portrait publié en décembre, avant de mieux connaître Catol Teixeira.
https://sceneweb.fr/catol-teixeira-danse-en-mutation/
Bien amicalement.